L’équipe nationale belge a vu ses espoirs s’éteindre lors de l’Euro 2024 après une défaite 1-0 contre la France en huitièmes de finale. Une élimination qui symbolise quasiment la fin pour plusieurs joueurs de la « génération dorée » qui, malgré tant d’erreurs talents exceptionnels, n’a jamais réussi à atteindre une finale de tournoi majeur. Pour comprendre cette déception, il est crucial de retracer l’histoire du football belge et de réfléchir aux raisons de cet échec.
Tant bien maigre en titre, le football belge a une belle histoire qui remonte à plusieurs décennies. Les Diables Rouges ont remporté leur premier grand succès en 1920 en décrochant la médaille d’or aux Jeux olympiques d’Anvers. Après des qualifications en Coupe du monde en 1930, 1934, et 1938, ils ont connu une période difficile avant de retrouver les compétitions internationales dans les années 1950 et 1970. La première « génération dorée » est apparue dans les années 1980, atteignant la finale de l’Euro 1980, perdue à deux minutes de la fin contre la RFA, 2-1, grâce au but décisif d’Horst Hrubesch. Les demi-finales de la Coupe du monde 1986 furent également un exploit marquant.
Après des huitièmes de finale en Coupe du monde en 1990, 1994 et 2002, les Belges n’ont pas pu se qualifier pour le Mondial 2006. En juin 2007, la Belgique a atteint la 71e place du classement FIFA, sa pire position depuis la création de ce classement en 1993.
Dans l’ombre de l’équipe A, une nouvelle génération de jeunes joueurs a atteint les demi-finales du Championnat d’Europe espoirs en juin 2007, décrochant ainsi un ticket pour les Jeux olympiques pour la première fois depuis 1928. L’équipe belge espoirs a atteint les demi-finales du tournoi olympique en août 2008, avec une défense composée notamment de Vincent Kompany, Thomas Vermaelen et Jan Vertonghen, et un milieu de terrain où Marouane Fellaini et Mousa Dembélé impressionnaient.
Près de trois décennies après, une nouvelle génération de talents a émergé autour de 2010. Durant la phase qualificative pour l’Euro 2012 avec Georges Leekens, le déclic a commencé. Des joueurs comme Toby Alderweireld, Eden Hazard, Steven Defour, Axel Witsel, Romelu Lukaku et Kevin De Bruyne ont commencé à se démarquer. Leurs succès en club promettaient de porter les Diables Rouges vers de nouveaux sommets. Le 13 mai 2012, Leekens a quitté son poste pour le Club de Bruges, et Marc Wilmots, son adjoint, a assuré l’intérim avant d’être confirmé comme sélectionneur en vue de la Coupe du monde 2014 au Brésil.
Retour sur la Scène Mondiale en 2014
Sous la direction de Marc Wilmots, la Belgique a fait un retour marquant à la Coupe du Monde après 12 ans d’absence. À la sortie des éliminatoires, elle a été classée cinquième au classement FIFA, la position la plus élevée qu’elle ait alors jamais atteinte. La Belgique a débuté le tournoi avec une victoire difficile contre l’Algérie (2-1), suivie de succès contre la Russie (1-0) et la Corée du Sud (1-0). En huitièmes de finale, ils ont battu les États-Unis après prolongations (2-1), mais ont été éliminés par l’Argentine (1-0) en quart de finale. Thibaut Courtois a été une figure clé de cette performance. Le bilan de cette Coupe du Monde 2014 est extrêmement positif, et la population est fière de son équipe nationale. L’avenir s’annonce radieux car la plupart des titulaires ont moins de 25 ans.
En juin 2015, à mi-chemin des éliminatoires du Championnat d’Europe 2016, la Belgique se présente comme la deuxième meilleure nation mondiale de football, selon le classement FIFA. L’engouement est immense en Belgique, et l’équipe est désormais surnommée la « génération dorée ».
Euro 2016 : La désillusion
À l’Euro 2016, la Belgique a commencé par une défaite contre l’Italie (2-0), mais s’est rattrapée avec des victoires contre l’Irlande (3-0) et la Suède (1-0). En huitièmes de finale, ils ont dominé la Hongrie (4-0). Cependant, en quart de finale, la Belgique a été éliminée de manière surprenante par le Pays de Galles (3-1), exposant une défense vulnérable sous pression. Cette défaite a coûté le poste de Marc Wilmots, remplacé par Roberto Martinez.
L’Ère Martinez La première rencontre de l’ère Martinez s’est soldée par une défaite (0-2) à domicile en amical contre l’Espagne, ce qui a conduit à des sifflets du public. Peu de temps après, ils ont démarré en trombe la phase qualificative de la Coupe du Monde 2018, alignant quatre victoires et inscrivant 21 buts contre 1 seul encaissé, bien que contre de faibles équipes.
Coupe du Monde 2018 : L’éclair
L’ère Martinez a pris son envol à la Coupe du Monde 2018 en Russie. La Belgique a commencé par une phase de groupes impeccable avec des victoires contre le Panama (3-0), la Tunisie (5-2) et l’Angleterre (1-0). En huitièmes de finale, ils ont réalisé une remontée spectaculaire contre le Japon, gagnant 3-2 après avoir été menés 2-0. En quart de finale, ils ont battu le Brésil (2-1), mais ont été éliminés en demi-finale par la France (1-0), avant de terminer à la 3e place en battant l’Angleterre. Eden Hazard et Kevin De Bruyne ont été inclus dans l’équipe-type du tournoi, et Thibaut Courtois a été élu meilleur gardien de but. Le retour au pays des Diables Rouges a été triomphal, avec un bain de foule jusqu’à la place de Bruxelles. La Belgique a également atteint la première place au classement FIFA cette année-là, après 2015.
Cependant, certains cadres ont annoncé leur retraite internationale, notamment Vincent Kompany, Moussa Dembélé et Marouane Fellaini. Mais certains joueurs, toujours jeunes, pouvaient encore apporter plus que cette médaille de bronze.
Euro 2020 : Nouvelle désillusion
À l’Euro 2020, la Belgique était à nouveau parmi les favoris. La Belgique a remporté ses trois matchs de groupe contre la Russie (3-0), le Danemark (2-1) et la Finlande (2-0). En huitièmes de finale, ils ont battu le champion en titre, le Portugal (1-0), mais ont perdu Eden Hazard sur blessure, sans oublier un Kevin De Bruyne diminué lui aussi. La Belgique a échoué en quarts de finale contre l’Italie (2-1), qui deviendra championne. Les blessures récurrentes de joueurs clés comme Hazard et De Bruyne ont affaibli l’équipe à des moments cruciaux.
En 2021, lors de la Ligue des Nations, la Belgique a mené 2-0 contre la France en demi-finale, mais a fini par perdre 3-2, illustrant une certaine fragilité mentale dans les moments décisifs. Cette défaite a renforcé les critiques envers Roberto Martinez.
Coupe du Monde 2022 : La fin d’une époque
La Coupe du Monde 2022 au Qatar a marqué la fin de l’âge d’or. La Belgique a été éliminée en phase de groupe, réalisant sa pire performance depuis 1998. Seule une victoire contre le Canada a sauvé l’honneur. Cette élimination a marqué la fin de la collaboration avec Roberto Martinez, remplacé par Domenico Tedesco.
Une nouvelle déception à l’Euro 2024 en huitièmes de finale contre encore une fois la bête noire des Diables Rouges, la France, a tué l’espoir de certains cadres présents depuis 2010 dans la génération dorée.
Qu’est-ce qui a bien pu manquer à la génération dorée ?
La Belgique a souvent montré des faiblesses défensives lors des matchs décisifs, comme lors de l’Euro 2016 contre le Pays de Galles avec une défense exécrable. Les blessures récurrentes de joueurs clés ont également affaibli l’équipe à des moments cruciaux, notamment à l’Euro 2020 avec les deux meilleurs joueurs blessés.
De plus, les attentes et la pression sur les joueurs ont parfois conduit à des performances en deçà de leur potentiel, comme lors de la Coupe du Monde 2018 contre la France. Les choix tactiques des coachs, notamment Roberto Martinez ont souvent été critiqués pour un style de jeu parfois trop ouvert et exposant l’équipe à des contre-attaques. Sa persistance à utiliser certains joueurs hors de forme ou à des postes non naturels a également été questionnée.
Un autre aspect à souligner, c’est la mentalité. La Belgique a parfois montré une fragilité mentale dans les moments décisifs, comme lors de la Ligue des Nations 2021 contre la France. Et le manque d’expérience dans les matchs à haute pression n’a pas beaucoup aidé.
La génération dorée de la Belgique, bien qu’ayant montré des performances remarquables, n’a jamais réussi à concrétiser son potentiel dans les grands tournois. Certes, aucun trophée, mais pendant 10 ans, la Belgique a su se montrer compétitive et redoutable, en plus d’avoir suscité l’intérêt du monde du football.